L’Association des femmes scientifiques du Burkina a procédé, le vendredi 14 février 2025, à l'Institut des Sciences des Sociétés, au lancement de son projet « Lancement du projet « Promotion de l’approche Cercle de Paix pour la transformation des conflits pour un meilleur enracinement de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble au Burkina Faso ».
Concrètement, le projet, financé par le Fonds national de la recherche et de l’innovation pour le développement (FONRID), est porté par l’Association des femmes scientifiques du Burkina, en collaboration avec le ministère chargé du genre et l’Institut des Sciences des Sociétés. Il est fondé sur le Plan d’Actions National Intégré de mise en œuvre de l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité (PANI-FPS 2023-2025), qui exhorte les OSC à mener des actions visant à améliorer la contribution des femmes et des filles dans la consolidation de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble, à travers la dissémination de l’approche « Cercle de paix ».
Qu'est-ce que l'approche « Cercle de paix » ?
Un cercle de paix est centré sur l’individu et le groupe, notamment sur les femmes et les filles victimes (directes ou indirectes) des conflits armés. Il est basé sur la communication (échanges/dialogues intra-interpersonnelles, intra-intercommunautaires) pour l’accroissement d’un sentiment de confiance en soi et aux autres. La disposition physique en « cercles » vise à mieux s’observer et interagir pour un relèvement moral et une réhabilitation sociale, surtout des victimes.
Selon Dre Julienne Nessenindoa Gué, coordinatrice du projet, cette approche est très importante.
« Le projet vise à accompagner les structures publiques dans leurs actions quotidiennes pour la consolidation de la paix à travers l'implication réelle des femmes. L'outil « cercle de paix » permet de panser les blessures des femmes, de les aider à surmonter leurs traumatismes liés aux viols et sévices qu'elles ont vécu. Cet outil permet de les transformer en actrices de paix, de les mobiliser pour la sensibilisation des autres femmes meurtries à accepter de pardonner et à surmonter leurs douleurs. Cet outil encourage toute action qui vise à réhabiliter et à relever moralement toutes les filles et femmes victimes de violences dans le contexte de crise sécuritaire dans notre pays. Le projet sera mis en œuvre, pendant trois ans, dans deux régions à forts défis sécuritaires : le Nord et le Centre-Nord. Nous espérons recevoir d'autres financements afin d'implémenter cet outil dans toutes les autres régions du Burkina Faso », a-t-elle souligné.
Dans le même sens, Dr Habib Ahmed Djiga, Conseiller technique, représentant le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, a salué la pertinence du projet.
« C'est une initiative fort louable dans le contexte sécuritaire actuel de notre pays. La contribution des femmes à la recherche de la paix est très importante, car il n'est pas possible de résoudre un conflit sans l'implication des femmes. Elles jouent un rôle très important dans la promotion de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble. Le projet est très pertinent et entre en droite ligne avec la mise en œuvre du Plan d'action pour la stabilisation et le développement, notamment en matière de renforcement de la cohésion sociale. J'encourage donc les femmes à un engagement patriotique pour la recherche de la paix, de la cohésion sociale et du vivre-ensemble », a-t-il affirmé.
Du reste, l'approche « Cercle de paix » est issue d’un mouvement international de femmes artisanes de paix (creators of Peace, né en 1991 est actif dans plus de 40 pays dans le monde). L’approche est promue au Burkina Faso par l’ONG internationale InterPeace, en collaboration avec Women in law and development in Africa (WILDAF) du Mali (où l’approche cercle de paix a le plus été expérimentée). Une première cohorte de 24 femmes du ministère chargé du genre et d’Organisations féminines de la société civile a été formée.
Les premières évaluations ont montré des effets très positifs en matière de pansement des blessures, d’apaisement des cœurs des victimes, de leur transformation pour un réinvestissent en tant qu’actrices de promotion de la paix et de la cohésion sociale. L’ambition du projet est donc de contribuer à la dissémination (ou à la mise en échelle) de l’approche cercle de paix au Burkina Faso.
Jean-Yves Nébié