Archéologie au Burkina Faso : Hommage aux pionniers

Submitted by RedacteurenChef on Fri 09/05/2025 - 14:55
Archéologie au Burkina Faso : Hommage aux pionniers

Du 8 mai au 31 juillet 2025, l’Université Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou, accueille une exposition exceptionnelle retraçant 400 000 ans de présence humaine au Burkina Faso. Une initiative du Laboratoire d’Archéologie, d’Histoire des Arts et des Techniques (LAHAT), organisée en hommage aux figures fondatrices de la recherche archéologique dans le pays.

En marge des célébrations du cinquantenaire de l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ), une exposition archéologique d’envergure a été officiellement lancée le 8 mai 2025 sur le campus universitaire de Ouagadougou. Placée sous le haut patronage du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Pr Adjima Thiombiano, et parrainée par son homologue de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, l’exposition s’étendra jusqu’au 31 juillet.

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Pr Adjima Thiombiano, patron de la cérémonie, a invité à faire un tour à cette exposition

Sous le thème évocateur « 400 000 ans de présence humaine au Burkina Faso », l’événement rend un vibrant hommage à quatre figures emblématiques de l’archéologie nationale : Jean-Baptiste Kiethéga, Kalo Antoine Millogo, Oumarou Nao et Lassina Koté. Ces pionniers, à travers plusieurs décennies de recherche, ont jeté les bases de l’étude scientifique du passé burkinabè et posé les fondations de l’enseignement de l’archéologie dans le pays.

Le Pr Adjima Thiombiano, présent à la cérémonie d’ouverture, n’a pas manqué de saluer la qualité et la portée de cette initiative. « La chose la plus importante dont nous devons être fiers, c’est d’avoir des enseignants-chercheurs et des chercheurs qui savent expliquer l’histoire du Burkina Faso, et surtout nous redonner envie de nous replonger dans notre histoire pour mieux définir notre avenir », a-t-il déclaré.

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Pour Pr Jean Célestin Ky, spécialiste d’histoire et d’histoire de l’art, cette exposition répond à une nécessité scientifique

Soulignant la profondeur temporelle couverte par les recherches exposées, il a rappelé que certaines découvertes remontent à plus de 400 000 ans, avec des objets témoignant d’une ingéniosité remarquable de nos ancêtres. « Ils ont su fabriquer des outils dès 2800 avant Jésus-Christ. L’exposition montre comment ces premiers Burkinabè étaient de véritables ingénieurs, capables de concevoir des objets et des structures adaptés à leur environnement », a-t-il ajouté. Le ministre a également invité tous les citoyens à visiter l’exposition pour mieux comprendre l’origine de certains savoir-faire, dans des domaines aussi variés que l’architecture, la métallurgie ou la culture matérielle.

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Autorités, universitaires, invités, étudiants et médias sont sortis en nombre pour l'évènement

Au-delà de la mise en valeur du patrimoine préhistorique et historique du Burkina Faso, cette exposition se veut un acte de reconnaissance envers les premiers chercheurs qui ont consacré leur vie à la constitution d’une mémoire collective ancrée dans des preuves tangibles. Le professeur Jean Célestin Ky, spécialiste d’histoire et d’histoire de l’art, a rappelé que cette exposition répond à une nécessité scientifique : celle de valoriser les résultats de la recherche.

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4)	Les officiels pendant la visite du site de l’exposition
Les officiels pendant la visite du site de l’exposition

« Quand vous faites des recherches et que vous obtenez des résultats, il faut les présenter », a-t-il insisté. « Dans notre cas, il s’agit d’une discipline qui travaille avec des objets matériels : il est donc essentiel de les exposer au public. » L’exposition est également une façon de saluer la mémoire du Pr Jean-Baptiste Kiethéga, disparu, ainsi que le travail de ses collègues aujourd’hui à la retraite. « Tous les archéologues actuels du Burkina sont leurs héritiers. C’est grâce à ces pionniers que l’enseignement de l’archéologie et de l’histoire de l’art a pu être durablement implanté dans le pays. »

L’exposition propose un parcours chronologique et thématique à travers les grandes périodes de l’histoire du territoire burkinabè. Les visiteurs peuvent ainsi découvrir une riche collection d’artefacts issus de la préhistoire, de l’époque protohistorique, ainsi que des vestiges illustrant les débuts de la métallurgie, la céramique, l’architecture ancienne, les pratiques funéraires ou encore les modes d’inhumation.

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La photo de famille

Les organisateurs espèrent que cette mise en lumière des travaux passés contribuera à stimuler la recherche archéologique et à susciter des vocations chez les plus jeunes. Pour le Pr Thiombiano, cette exposition met également en lumière les zones encore inexplorées de l’histoire burkinabè. « Il reste des aspects à investiguer. C’est un défi lancé à la communauté scientifique, mais aussi un appel à l’action pour le gouvernement », a-t-il déclaré, en appelant à une meilleure synergie entre les ministères de la Recherche et de la Culture.

Au-delà de l’hommage et de la célébration, l’exposition se veut un lieu de transmission du savoir. Elle invite à une prise de conscience collective de l’importance du patrimoine archéologique et culturel dans la construction d’une identité nationale solide et éclairée. En valorisant le travail rigoureux des pionniers, elle rappelle que l’histoire d’un peuple ne commence pas avec la colonisation ni les archives écrites, mais bien avant, dans les traces matérielles laissées au fil du temps.

Abrandi Arthur Liliou