Toussy en concert live : Vingt ans de foi, de lumière et de scènes partagées

Submitted by RedacteurenChef on Mon 01/12/2025 - 13:44
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Le 29 novembre 2025, au SIAO, la chantre burkinabè Toussy a célébré deux décennies de carrière lors d’un concert vibrant, marqué par la ferveur, la reconnaissance et un profond appel à la paix. Retour sur une soirée où se sont mêlés prière, musique, émotion et ferveur.

À Ouagadougou, le SIAO a vibré ce 29 novembre 2025 au rythme d’un anniversaire pas comme les autres. Vingt ans après ses premiers pas sur scène, Toussy, à l’état civil Mme Ramdé née Zinsoné Julienne Toussiane, a offert à son public un concert d’action de grâce. Un moment suspendu, soigneusement pensé, où la musique s’est mêlée à la prière, aux hommages et à la gratitude.

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La chantre Toussy a communié avec le public

Placée sous le haut patronage de Monseigneur Prosper Kontiébo, archevêque métropolitain de Ouagadougou, la soirée a réuni deux marraines de prestige : Mme Marie Laurence Marshall et Irène Yaméogo. L’invité d’honneur n’était autre que son époux, le chanteur Martin N’Terry.

Une ouverture empreinte de spiritualité

Avant que les premières notes ne résonnent, l’atmosphère a été confiée au recueillement. Le représentant du haut patron, le père Richard Bambara, a ouvert la soirée par une prière et un message profondément ancré dans l’actualité du pays.

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Le Père Richard Bambara, représentant l’Archevêque métropolitain de Ouagadougou, Monseigneur Prosper Kontiébo

« Chanter pour le Seigneur, chanter pour la paix, c’est noble », a-t-il déclaré, invitant chacun à devenir, à l’image de Toussy, un “ambassadeur de la paix”. Il a formulé une bénédiction pour l’artiste, souhaitant qu’elle puisse célébrer “les 50, 80, et pourquoi pas 100 ans de carrière, même si c’est au ciel”.

Cet appel à la paix, thème central du répertoire de Toussy depuis ses débuts, a immédiatement donné le ton d'une soirée où le sacré et l’humain allaient se répondre.

Le deuxième discours, prononcé par Désiré Zinsoné au nom de la famille, a rappelé le rôle essentiel des proches dans le parcours de l’artiste. « La famille est à tes côtés », a-t-il affirmé, rappelant les racines de l’artiste, remerciant les familles alliées et réaffirmant le soutien indéfectible des siens.

Une procession musicale riche et variée

Les prestations ont débuté à 20h40 avec la chorale Saint Augustin de Sabtoana, chargée d’ouvrir le bal dans une ambiance déjà pleine d'émotions. Suivront une diversité de voix et de styles, reflétant la pluralité du gospel burkinabè.

À 20h55, c’est Iklass, chantre musulman vivant en Allemagne, qui prend le relais. Une présence hautement symbolique, en écho à la vocation interreligieuse portée depuis des années par Toussy à travers son association Culture pour la Paix. Puis défilent successivement la chantre Aline (21h03) et Sœur Anne-Marie (21h11), chacune apportant sa sensibilité et sa ferveur.

À 21h18, les témoignages vidéo des proches de l’artiste ajoutent une touche d’émotion à la soirée, retraçant son parcours, ses défis, et la générosité qui a marqué toutes ses collaborations.

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L'artiste Martin N’Terry, époux de Toussy, fait son entrée sur scène

L’invité d’honneur, Martin N’Terry, fait son entrée sur scène à 21h38, dans une prestation chaleureusement accueillie par le public.

Toussy, la voix d’une mission

Il est 21h45 lorsque Toussy apparaît enfin. Drapée dans une prestance sereine, elle entonne les titres de Gratitude infinie, son huitième album sorti quelques semaines plus tôt. L’émotion est palpable. Pour elle, cette soirée n’est pas un simple jubilé, mais un acte de reconnaissance envers Dieu, sa famille, son public et son pays.

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Désiré Zinsoné, le représentant de la famille de l’artiste

« Cette soirée était une soirée d’action de grâce », confie-t-elle. « Il était temps de marquer une pause pour dire merci au Seigneur, merci à mon public qui a toujours cru en moi. »

Son bilan, elle le tire avec humilité mais détermination :

« J’ai donné le meilleur de moi-même. J’ai partagé l’amour, j’ai partagé la paix. C’est la mission qui m’a été confiée. »

Elle revient aussi sur ses débuts difficiles devant la presse : « Comme pour tout le monde, mes premiers pas n’ont pas été faciles. Il faut se battre pour atteindre ce que tu veux atteindre. Et ce n’est pas un jour, ce n’est pas deux jours. »

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Martin N'Terry et Toussy coupent le gâteau des vingt ans

Son discours résonne avec la trajectoire de celle qui, depuis son premier single Louez Dieu en 2006, a marqué le gospel catholique burkinabè. De Action de Grâce à Pardonne-moi Père, de La Paix à Singes Notre Gratitude, sa discographie épouse les contours d’un engagement constant, la paix, la foi, l’amour.

Gratitude infinie, un album qui porte son nom

Son plus récent opus, Gratitude infinie, mêle français, anglais, mooré et gourounsi. Il s’inscrit dans la continuité de sa mission : prier pour la nation, soutenir les FDS et les VDP, encourager les femmes du Burkina et rappeler l’importance de la reconnaissance dans la vie spirituelle.

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Le public a accompagné l’artiste jusqu’au bout de la soirée

« Chaque instant de ma vie est une reconnaissance », affirme-t-elle. « Le Seigneur n’a pas fini avec moi. Il a encore beaucoup de choses à faire avec moi. »

Chorales, communion et célébration

La soirée s’est poursuivie avec les prestations de la chorale de Gounghin, puis celle de Kologh-Naaba et d’autres ensembles invités, donnant à l’évènement la dimension communautaire chère à l’artiste. Sur scène, Toussy alterne titres anciens et nouveaux, dans des arrangements soignés qui révèlent son évolution musicale.

L’un des moments forts demeure son interprétation des titres dédiés à la paix, thématique qui a guidé sa tournée Tous pour la Paix dès 2011 et continue d’inspirer ses engagements à travers l’association ACP.

Une femme, une voix, un héritage

Vingt ans après ses débuts auprès de Black So Man, puis aux côtés de Martin N’Terry et de figures du gospel catholique, Toussy demeure une référence. Sa voix claire, son sens du service, son approche interreligieuse, son ancrage culturel multiple, Bissa par son père, Gourounsi par sa mère, Yadga de naissance, burkinabè de cœur, font d’elle une artiste qui rassemble.

Diplômée en gestion et en pharmacie, elle incarne cette alliance rare entre foi, intellect et engagement. Et ce soir-là, devant un public conquis, elle rappelle que la musique n'est pas pour elle un divertissement, c’est un ministère, une mission, un don.

Une promesse renouvelée

La fête s’achève dans la ferveur, mais aussi dans la promesse. Celle d’une artiste qui, loin de voir dans ces vingt ans un aboutissement, y reconnaît un point de passage. « Je sens que le Seigneur n’a pas fini avec moi », dit-elle. Et dans la cour du SIAO, personne n’en doute.

Dans un Burkina en quête de souffle nouveau, la voix de Toussy continue de résonner comme une lueur. Une voix pour la paix, pour l’amour, pour Dieu. Une voix pour la lumière.

Abrandi Arthur Liliou