OFAB-Burkina : Des journalistes outillés sur le reportage en biotechnologie agricole

Submitted by RedacteurenChef on Fri 12/09/2025 - 17:13
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La section burkinabè du Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB), en collaboration avec le Réseau des communicateurs en biotechnologie du Burkina (RECOAB-Burkina), a organisé un atelier de formation à l’intention des hommes et femmes de médias. L’activité s’est tenue le 10 septembre 2025 à l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (INERA), au Centre de Recherches Environnementales, Agricoles et de Formation de Kamboinsé (CREAF), à Ouagadougou. Une trentaine de journalistes venus de divers organes de presse ont pris part à cette rencontre qui visait à améliorer leur maîtrise du reportage sur la biotechnologie agricole.

L’atelier a été marqué par trois communications. La première a été animée par le Dr Hamadou Sidibé, chercheur à l’INERA et point focal de l’OFAB-Burkina. Il a présenté les missions et le fonctionnement du forum. La deuxième intervention a été assurée par le Dr Moussa Savadogo, expert sur les questions de biosécurité, qui a développé le thème des enjeux des biotechnologies modernes et de leurs règlementations dans le monde et en Afrique. La dernière communication a porté sur le traitement journalistique de l’information en matière de biotechnologie. Elle a été présentée par Cyr Payim Ouédraogo, journaliste, président du RECOAB-Burkina et directeur de publication du journal Infos Sciences Culture.

« Les journalistes doivent être des ambassadeurs de la biotechnologie »

Le Dr Hamadou Sidibé a souligné l’importance de cette initiative. « Cet atelier se tient dans un contexte où la question de la biotechnologie agricole est de plus en plus évoquée, a-t-il déclaré. Nous avons jugé nécessaire de réunir le monde de la presse afin de leur donner les rudiments et les connaissances indispensables pour parler de biotechnologie au Burkina Faso. »

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Pour Dr Sidibé, les journalistes participant à cette formation doivent être les ambassadeurs de la biotechnologie agricole moderne

Selon lui, l’insuffisance d’informations fiables constitue un handicap pour la vulgarisation de ce domaine scientifique. « Le rôle du Forum ouvert sur la biotechnologie agricole est de fournir une information scientifique juste, vérifiable et dépourvue de tout parti pris, a-t-il insisté. Nous attendons des journalistes formés qu’ils deviennent de véritables ambassadeurs de la biotechnologie au Burkina Faso. »

« Corriger les insuffisances constatées dans le traitement médiatique »

De son côté, Cyr Payim Ouédraogo a expliqué que cette rencontre répond à un besoin réel. « Depuis plusieurs années, nous constatons des insuffisances, des confusions et parfois des hors-sujet dans les productions journalistiques relatives à la biotechnologie, a-t-il relevé. Le prix OFAB, qui récompense l’excellence dans la rédaction d’articles scientifiques, notamment sur la biotechnologie, a permis de mettre en lumière ces lacunes. »

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Cyr Payim Ouédraogo, président du RECOAB-Burkina, Directeur de publication du journal Infos Sciences Culture

Le président du RECOAB-Burkina a évoqué les objectifs de cet atelier. « Nous avons donc saisi l’occasion pour renforcer les capacités de nos confrères, a-t-il précisé. Il s’agit de leur permettre d’être plus compétitifs au niveau continental et de mieux éclairer l’opinion publique sur les activités biotechnologiques menées au Burkina Faso. »

Il a également souligné l’importance de la précision terminologique. « Certains confondent par exemple le coton biologique et le coton biotechnologique, a-t-il noté. Il est donc essentiel de doter les journalistes d’un lexique adapté afin qu’ils maîtrisent le langage scientifique. En termes de méthodologie, un reportage reste un reportage, mais lorsqu’il s’agit d’un sujet scientifique, l’exactitude devient une exigence incontournable. »

« Les biotechnologies suscitent débats et oppositions »

Le Dr Moussa Savadogo, quant à lui, a mis l’accent sur l’intérêt des biotechnologies modernes et sur les débats qu’elles suscitent. « Les biotechnologies dont je veux parler font référence à la manipulation de l’ADN, a-t-il expliqué.

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Dr Moussa Savadogo, expert sur les questions de biosécurité

Elles constituent un sujet brûlant, à la fois scientifique, économique et sociétal. Lorsqu’on l’aborde, il faut savoir qu’il existe deux camps. D’un côté, ceux qui s’y opposent. De l’autre, ceux qui cherchent à comprendre objectivement ses enjeux. Cette opposition traverse toutes les sphères : scientifiques, politiques, médiatiques et sociales. »

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Les hommes de médias ont interagi avec les panélistes

Pour lui, l’utilisation des biotechnologies dans des pays développés depuis trois décennies démontre leur pertinence. « Si ces pays les adoptent depuis si longtemps, c’est bien la preuve qu’elles contribuent à améliorer la productivité et à répondre à certains défis agricoles, a-t-il déclaré. La communication joue un rôle décisif, car elle doit permettre de lutter contre la désinformation. On ne peut empêcher l’homme d’être intelligent, ni la science d’évoluer pour le bien-être des populations, a-t-il conclu. »

Un projet panafricain pour vulgariser la biotechnologie agricole

Le Forum ouvert sur la biotechnologie agricole est une initiative collaborative de la Fondation africaine pour les technologies agricoles (AATF) et de l’INERA. Il a été officiellement lancé au Burkina Faso le 22 octobre 2012 par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. Le Burkina Faso figure parmi une dizaine de pays membres, aux côtés du Kenya, de l’Ouganda, de l’Éthiopie, de la Tanzanie, du Nigéria, du Ghana, du Mozambique, du Rwanda et du Malawi.

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Une photo de famille symbolisant l’engagement commun des chercheurs et des journalistes à mieux informer le public sur les biotechnologies agricoles

Les objectifs de l’OFAB sont multiples. Il s’agit de mettre en place des plateformes fonctionnelles pour démontrer la contribution des biotechnologies à l’amélioration de la productivité agricole. Le forum vise aussi à fournir aux décideurs des informations scientifiques fiables pour orienter les politiques publiques en matière de biotechnologie agricole. Il encourage la mise en réseau et les alliances stratégiques afin d’optimiser les ressources disponibles et de favoriser le partage de connaissances entre institutions. Enfin, il contribue au renforcement des capacités des acteurs de la communication pour mieux vulgariser les avancées scientifiques.

Des échanges riches entre journalistes et experts

Au-delà des communications, l’atelier a été un cadre interactif. Les participants ont échangé avec les panélistes, posé des questions et partagé leurs expériences. Plusieurs d’entre eux ont salué cette opportunité qui leur permettra de mieux aborder les sujets scientifiques dans leurs productions. 

Abrandi Arthur Liliou