Le Centre National Cardinal Paul Zoungrana a accueilli le 3 décembre 2025, l’ouverture officielle de la première édition des Journées Scientifiques de l’Institut de l’Environnement et de Recherches Agricoles (JSI 2025) qui se tiendront jusqu’au 5 décembre prochain. Placée sous le thème « Recherches Agricole et Environnementale : innover pour relever les défis d’une agriculture durable et résiliente », la cérémonie a réuni chercheurs, décideurs publics, partenaires techniques, acteurs du monde rural et représentants du CNRST. Une rencontre voulue stratégique, destinée à valoriser les résultats scientifiques, renforcer les synergies et offrir une réponse concrète aux défis alimentaires, climatiques et environnementaux du Burkina Faso.
Dès son intervention, le Directeur de l’INERA et Président du comité d’organisation, Dr Drissa Sérémé, a exprimé sa fierté de voir une assemblée aussi diversifiée réunie autour de l’enjeu de la recherche agricole et environnementale. Il a souligné que cette "présence massive et diversifiée témoigne de l'importance stratégique que vous accordez à la science, l'innovation et à la recherche agricole et environnementale".
Pour lui, le message est "clair" : « La science est debout, la recherche avance et l'INERA assume pleinement son rôle de locomotive nationale de l'innovation agricole et environnementale ».
Il a salué la présence du parrain, Roland Achille Sow, président de la délégation spéciale consulaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso et Patron du Groupe SISSIMAN. Dr Sérémé a estimé que son engagement traçait « un pont concret entre science, innovation et entreprise », formant « un triptyque indispensable pour bâtir une économie agricole forte, compétitive et tournée vers l'avenir ».
Les JSI, piliers de l'Offensive Agro-pastorale et Halieutique
Ces Journées Scientifiques s’inscrivent dans « la dynamique des initiatives présidentielles », a rappelé le Directeur. Elles matérialisent « la vision opérationnelle portée par l'offensive agro-pastorale et halieutique », laquelle repose sur des innovations scientifiquement validées. Il a également insisté sur le soutien du Programme de résilience du système alimentaire FERESA et l'appui de la Banque mondiale, « partenaire stratégique du FERESA », pour la transformation de l’agriculture burkinabè.
Un tournant scientifique face aux défis climatiques
Le président du comité d’organisation a décrit les JSI comme un « tournant historique » dans la vie de l’INERA et du CNRST, conforme au plan stratégique 2025-2029. Il a rappelé que face aux dérèglements climatiques et à la pression démographique, « la seule réponse durable reste la science, l'innovation et la fédération de compétences ». Le thème retenu, « Innover pour relever les défis d'une agriculture durable et résiliente », résonne, a-t-il déclaré, « comme un appel à la responsabilité collective ».
Il a précisé que l'évènement rassemblait plus de onze pays et que les participants auront accès à plus de 500 communications scientifiques, ainsi qu'à un panel majeur sur l'agroécologie.
Le programme prévoit notamment des panels sur les systèmes agricoles résilients, des communications scientifiques sur les nouvelles variétés améliorées, les pratiques agroécologiques, la restauration des sols, des partages d’expériences sur les innovations paysannes, des échanges autour des services climatiques, des ressources phytogénétiques et de la gestion intégrée des productions.
Le Directeur de l’INERA a affirmé que ces sessions permettront « d’amplifier l’impact de la recherche dans les stratégies nationales de développement ». Il a relevé que les Journées Scientifiques s’alignent directement sur le Programme de Résilience du Système Alimentaire (PRSA), porteur de plusieurs actions structurantes en lien avec la transition agroécologique.
L’INERA : un instrument stratégique de souveraineté
Le Dr Sérémé a rappelé l’ossature scientifique de l’Institut (quatre départements, seize programmes, cinq directions régionales), le positionnant comme « le pilier national de la recherche agricole et environnementale ». Il a conclu en affirmant : « L'INERA n'est pas simplement un institut. L'INERA est un instrument stratégique de souveraineté et de résilience ». Ces journées constituent « un acte de foi à la capacité de la science africaine, un prix d'espoir pour la jeunesse ».
L’appel du parrain : associer science, entreprise et producteurs
Le parrain de la cérémonie, Roland Achille Sow, a exprimé sa gratitude pour le choix porté sur sa personne. Il a rappelé que l’agriculture est la principale activité économique des pays en développement, contribuant à plus de 30% du PIB. Le Patron du Groupe SISSIMAN a relevé les défis posés par la croissance démographique qui induit « une forte pression sur les ressources naturelles ».
Il a expliqué que la croissance agricole s’est souvent faite par « l'expansion des surfaces cultivées (défrichements anarchiques) », engendrant des défis majeurs tels que la dégradation des terres, la perte de biodiversité et la baisse de la fertilité des sols. Il a rendu hommage aux chercheurs, techniciens et producteurs qui, grâce à leur « rigueur scientifique, leur créativité, leur audace, leur ténacité, leur persévérance, leur résilience et leur capacité d'innovation », permettent à l’agriculture d'être en phase avec les défis du moment.
Le parrain a affirmé que les JSI offrent une occasion unique de partager les résultats et de créer des synergies entre les institutions et les acteurs. Il a particulièrement insisté sur le renforcement des liens entre la science et la pratique, car, a-t-il soutenu : « une innovation n'a de sens que lorsqu'elle est accessible, appropriée et mise à grande échelle au service du développement rural ». Il a réitéré son engagement à soutenir la recherche, l'innovation et le transfert de technologies, souhaitant que ces journées deviennent « une tradition annuelle d'excellence, de rigueur et d'innovation ».
Transformer l’agriculture en moteur de croissance
Le président de la cérémonie, Dr Emmanuel Nanéma, Délégué général du CNRST, a salué la tenue de l'évènement, soulignant qu'il s’insère « parfaitement dans le plan stratégique 2025-2029 du CNRST ». Cette rencontre constitue un « espace stratégique où se croisent vision politique, impératifs de développement et engagements scientifiques ».
Le thème choisi est une « réalité, une évidence », car il nous invite à « produire plus, mais surtout produire mieux, sans compromettre les ressources naturelles ». L’objectif, a-t-il affirmé, est de « transformer l'agriculture en un véritable secteur de croissance et de stabilité ».
Dr Nanéma a expliqué que l'INERA est appelé à être « l'un des fers de lance de l'innovation scientifique », et que les JSI répondent à quatre ambitions majeures : valoriser la recherche nationale ; stimuler la collaboration scientifique ; soutenir la transformation de l'agriculture et impulser une dynamique durable et pérenne entre acteurs impliqués.
Il a salué l'engagement des chercheurs, dont les travaux ont permis « d'améliorer des variétés, à préserver notre biodiversité et à renforcer notre résilience face aux différents chocs ». Le Délégué général a également insisté sur l’importance de la participation des producteurs, sans qui, a-t-il affirmé, « les innovations ne trouveraient pas leur voie sur le terrain ». En concluant son allocution, Dr Nanéma a déclaré « officiellement ouverte la première édition des Journées Scientifiques de l'Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles (INERA) ».
En marge des discours officiels, les interviews ont mis en lumière les perspectives d’avenir.
Le parrain, Roland Achille Sow, a rappelé l’impérieuse nécessité d’associer la recherche au financement privé. Si une innovation n'est pas « diffusée, si elle n'est pas portée à la connaissance des populations, (...) votre recherche va rester dans les tiroirs et cela n'est pas bien ». Il a insisté sur le fait que le secteur privé « doit être associé intimement au monde de la recherche » pour garantir la vulgarisation des résultats.
Dr Nanéma a, quant à lui, expliqué que ces journées, qui remplacent l'ancienne « foire aux semences », visent à la fois à offrir un cadre d'expression aux doctorants et à diffuser les derniers résultats de recherche afin de « booster un certain nombre d'activités, notamment en ce qui concerne la production agricole ».
En ouvrant cette première édition des Journées Scientifiques, l’INERA a posé les fondations d’une dynamique plus ambitieuse, plus inclusive et plus résolue. Entre rigueur scientifique, vision stratégique et engagement collectif, cette rencontre s’inscrit comme un jalon majeur pour une agriculture burkinabè mieux préparée aux défis climatiques, démographiques et économiques. Une science debout, au service d’un Burkina souverain et résilient.
Abrandi Arthur Liliou
