L’accès ou la réintégration à l’éducation scolaire des populations déplacées forcées: Un impératif humanitaire et de développement au Burkina Faso

Introduction

Le nombre des élèves affectés par la situation sécuritaire au Burkina Faso est passé de 511 221 à 708 341 personnes entre le 31 décembre 2021 au 31 mai 2022 (ST-ESU, 2021, 2022). Les réponses apportées par le ministère en charge de l’éducation ont permis de réinsérer, c’est-à-dire d’accueillir, à la date de 31 mai 2022, 111 217 élèves déplacés internes dont 45,4% sont de sexe féminin (Ibid.).
En conséquence, la question de la scolarisation, du suivi ou de la réinsertion scolaire des enfants déplacés internes se pose avec acuité car une grande partie est en situation de déperdition s’il n’y a pas des interventions. Plusieurs facteurs parmi lesquels, le statut d’immigration forcée, le milieu d’accueil, la certification des enseignements antérieurs reçus, les problèmes d’accès aux financements, aux informations, les conditions de vie précaire, la fragilisation des rapports sociaux consécutive aux attaques terroristes vis-à-vis de l’école constituent autant d’obstacles d’accès à l’éducation des enfants en situation de déplacement forcé (Bonkougou, 2017; Couldrey & Peebles, 2019).

A partir des données qualitatives collectées auprès des Personnes Déplacées Internes (PDI) de Pazaani, dans l’arrondissement 9 de Ouagadougou, cet article partage une partie des résultats scientifiques d’une étude sur l’éducation scolaire en situation de migration forcée (Paré & Zidnaba, 2022) afin de contribuer à éclairer les acteurs qui interviennent dans ce domaine sur les défis à relever. Selon la convention de Kampala, les Personnes Déplacées Internes (PDI) désignent « les personnes ou groupes de personnes ayant été forcées ou obligées de fuir ou de quitter leurs habitations ou lieux habituels de résidence, en particulier après, ou afin d’éviter les effets des conflits armés, des situations de violence généralisée, des violations des droits de l’homme et/ou des catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme, et qui n’ont pas traversé une frontière d’État internationalement reconnue » (Union Africaine, 2009, p. 3). L’article est organisé en deux axes : l’importance des populations déplacées internes en âge scolaire et les enjeux des mécanismes d’accès et réinsertion scolaire des enfants déplacées internes.

L’ampleur des enfants déplacées internes au Burkina Faso

Selon les données du Conseil National du Secours d’Urgence et de la Réhabilitation (CONASUR), le nombre de PDI enregistré, à la date de 1er janvier 2022, était de 1 741 655 personnes dont 768 069 personnes (44,1%) constituent des enfants de 5 ans et plus, donc en âge scolaire. Le Graphique 1 présente l’ampleur et la répartition de ces populations déplacées internes selon les régions d’accueil.

 

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