Recherches sur le changement climatique : Les solutions du CEDRES

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Le Centre d'Études, de Documentation et de Recherche Économiques et Sociales (CEDRES), en collaboration avec le Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA), a organisé, le 15 mars 2023, à l'Université Joseph Ki-Zerbo, un atelier de dissémination des résultats de recherche sur le changement climatique. Deux chercheurs ont présenté les résultats de leurs recherches sur le sujet.

Selon Pr Youmanli Ouoba, Directeur exécutif du Centre d'Études, de Documentation et de Recherche Économiques et Sociales (CEDRES), cet atelier, financé par le Consortium pour la recherche économique en Afrique (CREA), est très important. « L'objectif de cette rencontre est de rapprocher les chercheurs des décideurs. Ces derniers doivent apprécier les résultats de ces recherches. Cela nous permet aussi de savoir si nous sommes en phase avec les priorités nationales. Nous voulons que ces résultats soient utiles aux décideurs dans leurs prises de décision pour le bien-être des populations », a-t-il indiqué.

Des résultats de recherche

Lors de cet atelier, deux (2) communications ont été présentées aux participants. La première communication a été dite par Dr Boureima Sawadogo, économiste, chercheur au Centre d'Études, de Documentation et de Recherche Économiques et Sociales (CEDRES). Elle portait sur le thème : « Impacts de la sécheresse sur le secteur de l'agriculture et les options d'adaptation au Burkina Faso : Une analyse d'équilibre général calculable sensible au genre ».
Selon Dr Boureima Sawadogo, les résultats montrent que « les sécheresses ont un effet négatif sur la performance économique et le bien-être des ménages au Burkina Faso ».

L'épisode de sécheresse réduit la valeur ajoutée agricole, la participation de la main-d'œuvre aux activités agricoles et non agricoles et augmente le chômage.

La baisse du rendement des cultures réduit la valeur ajoutée dans les secteurs agricole et non agricole. Si l'impact direct est plus important dans le secteur agricole une fois transmis au secteur non agricole, l'effet net moyen est relativement plus défavorable aux ménages urbains.

La sécheresse entraîne une baisse de la consommation réelle pour tous les ménages. La sécheresse affecte davantage les ménages urbains que les ménages ruraux en termes de réduction de la consommation réelle.
Le choc de la sécheresse réduit la production agricole et la disponibilité alimentaire par habitant diminue de 10,4 %, 7,3 % et 4,6 % à court terme et de 11,1 %, 7,5% et 4,0% à long terme selon l'intensité de la sécheresse pour les ménages ruraux.

De même, l'approvisionnement en denrées alimentaires par habitant diminue de 8,8%, 5,9% et 3,3% à court terme et de 9,2%, 5,8% et 2,6% à long terme pour les ménages urbains et selon la nature de la sécheresse.

Les périodes de sécheresse réduisent davantage l'emploi des femmes que celui des hommes dans les secteurs non agricoles, mais augmentent davantage le taux de pauvreté des ménages dirigés par des hommes que celui des ménages dirigés par des femmes.

Les femmes sont plus représentatives dans les deux ménages et sont plus susceptibles de faire les frais des épisodes de sécheresse, probablement en grande partie à cause de l'augmentation des charges du ménage.
Les chocs de la sécheresse contribuent à une augmentation de l'incidence de la pauvreté dans le pays pour les sécheresses sévères, modérées et légères, respectivement, et surtout parmi les ménages dirigés par des hommes plutôt que par des femmes, selon le niveau d'intensité de la sécheresse.

Par ailleurs, Dr Boureima Sawadogo, en se référant à la littérature agro-économique et au Plan national d'adaptation au changement climatique, a identifié trois mesures alternatives potentielles pour l'adaptation aux chocs de la sécheresse : adoption de variétés de cultures tolérantes à la sécheresse ; adoption de la gestion intégrée des sols ; développement des capacités d'irrigation.

Selon une étude de la Banque mondiale sur le plan d'investissement climato-intelligent pour le Burkina Faso, l'investissement de 55 millions de dollars dans la gestion intégrée des sols (GIS) ou dans le développement de ressources en eau et de capacités d'irrigation et/ou dans de nouvelles semences améliorées entraîne une augmentation des rendements agricoles de 29%, 56% et 39% respectueusement (Banque mondiale, 2019).

La deuxième communication, présenté par Dr Marthe Montcho, chercheure à la Faculté de Sciences Agronomiques de l'Université d'Abomey Calavi (Bénin), a porté sur le thème : « Amélioration de la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique et de perte de biodiversité : intégration des cultures à double usage dans l'élevage chez les petits producteurs laitiers des régions semi-arides et arides du Bénin ».

Selon Dr Marthe Montcho, l'étude a mis en exergue plusieurs évidences. La première évidence est que les rendements des cultures à double usage sont particulièrement affectés dans certaines régions du Bénin par les paramètres climatiques (précipitations, humidité et température).

La deuxième évidence montre que la variation de l'humidité a un effet négatif sur le rendement du sorgho à double usage dans la région guinéenne.

Troisièmement, la résistance des cultures à double usage à la variabilité et au changement climatique a révélé que le rendement annuel du maïs à double usage est considérablement influencé par les précipitations et la station météorologique/la région climatique.

Enfin, le rendement annuel de l'arachide à double usage variait considérablement avec la température et l'humidité. De plus, le niébé semble être plus résistant aux variations climatiques.

Du reste, elle a proposé quelques recommandations. En premier lieu, le choix des cultures à double usage à généraliser en élevage laitier doit être fait par région climatique et selon la résistance de ces cultures aux facteurs climatiques de la région.

Deuxièmement, le choix des cultures mixtes à promouvoir doit également tenir compte de la variété. Certaines variétés de maïs et de sorgho sont très sensibles et ne doivent pas être promues même dans les régions réputées favorables à ces cultures.

Enfin, le gouvernement doit actualiser ou revoir sa politique agricole en intégrant le climat des régions, ses variations et ses particularités.

Jean-Yves Nébié