« C’est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer »

Submitted by Webmaster Info on Mon 23/05/2022 - 15:25
Syndrome des ovaires polykystiques
Dr LOUARI

Dr Issaka Banbteliyama Louari
Le syndrome des ovaires polykystiques est, selon Dr Issaka Banbteliyama Louari, Médecin gynécologue obstétricien à l’Hôpital Protestant Schiphra, Diplômé de l’Université de Montpelier (France) en Assistance médicale à la procréation, la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. Dans cet entretien réalisé, le 13 avril 2022, le médecin nous explique les symptômes, les causes, les complications et le traitement de la maladie…  

Qu’est-ce que le Syndrome des ovaires polykystiques ?

C’est un dérèglement hormonal caractérisé par une hypertrophie des ovaires accompagnée de petits kystes en périphérie. Elle est la maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. Il peut entraîner des troubles de la fertilité et de la pilosité (hirsutisme), ainsi que des complications métaboliques (diabète). À ce jour, il n’existe pas de traitement spécifique.

Comment se manifeste ce syndrome ?

Les principaux symptômes du syndrome des ovaires polykystiques sont des anomalies du cycle menstruel, une hyperpilosité, et de l’acné. Le diagnostic repose sur un bilan hormonal et, si nécessaire, une échographie abdominopelvienne.
Pour le trouble de l’ovulation, la rareté ou l’absence d’ovulations (dysovulation ou anovulation) se traduit par des cycles irréguliers, longs de plus de trente-cinq (35) à quarante (40) jours, voire par l’absence totale de règles (aménorrhée). Ces troubles provoquent une infertilité chez la moitié des femmes présentant un syndrome des ovaires polykystiques.
On observe aussi une hyperandrogénie. La production excessive de testostérone se traduit par une hyperpilosité chez 70% des femmes atteintes de syndrome des ovaires polykystiques, de l’acné et une chute des cheveux (alopécie).
Par ailleurs, il y a le syndrome métabolique. L’adiposité excessive provoquée par l’hyperandrogénie prédispose à l’insulinorésistance et au diabète. Les patientes présentent aussi une élévation du risque d’hypertension artérielle et de maladie cardiovasculaires.
Il faut noter que le tableau clinique s’aggrave en cas de prise de poids et qu’il existe une corrélation entre l’indice de masse corporelle et l’infertilité associée à cette maladie.

Quelles sont les causes de cette maladie ?

L’origine du déséquilibre hormonal conduisant au syndrome des ovaires polykystiques n’est pas clairement identifiée, mais elle pourrait être à la fois ovarienne et centrale. Le système hypothalamo-hypophysaire situé dans le cerveau contrôle la sécrétion des deux hormones FSH et LH qui orchestrent le cycle ovarien : leurs taux varient au cours du cycle, régulant la production d’hormones les ovaires et provoquant l’ovulation. En cas de syndrome des ovaires polykystiques, leur sécrétion est perturbée : le taux de base de LH est anormalement élevé chez la majorité des femmes atteintes, et il n’augmente pas en milieu du cycle alors que c’est ce phénomène qui déclenche l’ovulation.
Par ailleurs, les ovaires sécrètent trop d’androgènes, ce qui entraîne une élévation du taux sanguin de testostérone responsable de l’excès de pilosité.
Enfin, le taux sanguin d’insuline a aussi tendance à augmenter. Les causes de ces dérèglements sont très probablement multifactorielles : génétiques, épigénétiques et environnementales.

Quelles sont les complications, surtout à long terme ?

Quand l’hyperandrogénie est marquée, elle se manifeste souvent dès la puberté par une acné sévère, une hyperpilosité et une irrégularité règles trop souvent mise sur le compte de l’adolescence. Si l’hyperandrogénie est modérée, le diagnostic est souvent plus tardif, vers 25-30, la patiente consultant alors pour une infertilité.
Le syndrome des ovaires polykystiques entraîne des complications à long terme. L’hypersécrétion des androgènes par l’ovaire favorise le développement d’une adiposité qui prédispose à l’insulinorésistance. Le syndrome des ovaires polykystiques augmente le risque de syndrome métabolique (surpoids, dyslipidémie, hypertension artérielle, trouble de la glycémie), conduisant lui aussi à l’insulinorésistance puis au diabète et constituant un facteur de risque de maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébrale, etc.). Il augmente également le risque de cancer de l’endomètre.

Comment se fait le traitement ou la prise charge ?

Le traitement du syndrome des ovaires polykystiques est uniquement symptomatique et ceci jusqu’à la ménopause. Il repose sur une amélioration de l’hygiène de vie, un traitement médicamenteux en cas d’hirsutisme et/ou d’infertilité, et un accompagnement psychologique lorsque cela s’avère nécessaire.
En cas de surpoids, une perte d’environ 10% du poids initial réduit l’hyperandrogénie et montre un effet bénéfique sur la fertilité. À plus long terme, cette perte de poids aura un retentissement positif sur le risque de complications métaboliques associées au syndrome des ovaires polykystiques. En revanche, pour les femmes dont le poids est normal, maigrir n’apporte pas de bénéfice.

En cas d’hirsutisme, une pilule oestroprogestative est recommandée en première intention. Sa composante progestative inhibe la sécrétion de LH et réduit la production d’androgènes ovariens. La composante oestrogénique diminue le taux d’androgènes circulants. En cas d’échec de la pilule oestroprogestative, le traitement repose sur un anti-androgène (acétate de cyprotérone) combiné à un oestrogène naturel. L’acétate de cyprotérone est efficace en trois mois sur l’acné et en six mois sur l’hirsutisme.

Les anomalies métaboliques sont quant à elles traitées par de mesures hygiéno-diététiques en première intention, puis par des médicaments antidiabétiques oraux si cela devient nécessaire.   

 Comment se fait la prise en charge de l’infertilité ?

Lorsque le syndrome des ovaires polykystiques est le seul facteur responsable d’une infertilité, le traitement repose sur une stimulation de l’ovulation par citrate de clomifène, ou par gonadotrophines exogènes injectables en deuxième intention. Les inhibiteurs de l’aromatase, utilisés pour le traitement de certains cancers du sein sont actuellement évalués comme inducteurs de l’ovulation et pourraient présenter une efficacité supérieure en clomifène. Si ces traitements entraînent une hyperstimulation ovarienne difficilement contrôlable ou en cas d’absence de grossesse, une procréation médicalement assistée peut-être envisagée.

Jean-Yves Nébié

Légendes

  1. Dr Issaka Banbteliyama Louari, Médecin gynécologue obstétricien à l’Hôpital Protestant Schiphra
  2. Microscopie électronique à balayage (MEB) montrant des follicules kystiques sur la paroi de l’ovaire qui empêcheront l’ovulation (Prof. P.M. MOTTA, S. MAKABE, T. NAGURO/SPL/PHANIE/phanie)
  3. Schéma d’ovaire normal et d’ovaire polykystique
  4. Les symptômes du syndrome des ovaires polykystiques
  5. Coupe de l’appareil génital de la femme
  6. L’alopécie est un des symptômes de la maladie.

Encadré

Les ovaires et leurs pathologies
Les ovaires (du latin classique ovum, œuf) sont des organes appartenant à l’appareil reproducteur féminin. Ils ont pour principale fonction la production d’ovocytes et d’hormones sexuelles.

Anatomie des ovaires

Localisation. Au nombre de deux, les ovaires ou gonades femelles sont des glandes situées dans le petit bassin, à l’arrière de l’utérus (1). Ils jouxtent également les trompes de Fallope, dont leurs franges les bordent pour former un pavillon. Les ovaires sont fixés grâce à différents ligaments les reliant à la paroi lombaire, à la trompe, et à la partie postérieure de l’utérus, et aussi grâce au mésovarium.
Structure. De forme ovoïde et d’une longueur de 3 à 4 cm, les ovaires sont constitués de 2 parties : en périphérie : la zone corticale, où se trouve les follicules ovariens, contenant chacun un ovocyte (ce dernier deviendra ensuite l’ovule) ; au centre : la zone médullaire, constituée de tissus conjonctifs et de vaisseaux sanguins.
Vascularisation et innervation. Les ovaires sont vascularisés par les artères ovariennes. Le drainage veineux est quant à lui réalisé à droite par la veine cave et à gauche par la veine rénale.

Fonctions des ovaires

Production d’ovocytes. Plusieurs follicules ovariens vont se développer à chaque cycle menstruel. Un seul sera sélectionné et, à maturation, l’ovocyte sera expulsé par rupture du follicule, appelée ovulation.
Production et sécrétion d’hormones. L’ovaire, est le lieu de production de deux hormones : l’oestrogène (impliquée notamment dans le développement des caractères sexuels secondaires) et la progestérone (impliquée notamment dans l’épaississement de l’endomètre, muqueuse de l’utérine servant de lieu d’implantation à l’ovule fécondé)
Cycle menstruel. Il constitue l’ensemble des modifications de l’appareil génital féminin afin de pouvoir recevoir un ovule fécondé. En l’absence de fécondation, l’endomètre est détruit, ce qui correspond aux règles menstruelles.
Quelques pathologies qui peuvent affecter les ovaires

Kyste ovarien

Un kyste ovarien qu’est-ce que c’est ? C’est une petite grosseur remplie de liquide (cela peut être du sang, du mucus ou différents types de tissus).
Un kyste ovarien est donc un petit sac sur ou dans l’ovaire. Ils sont fréquents chez personnes menstruées à l’âge de la fertilité.
Il existe 2 « familles » de kyste ovarien : les kystes fonctionnels et les kystes organiques de l’ovaire.
Kystes fonctionnels
Ce sont les plus fréquents. Conséquence d’un dysfonctionnement de l’ovaire, ce type de grosseur peut disparaître spontanément en quelques cycles menstruels (dans 90% des cas). On distingue le kyste folliculaire et le kyste lutéal, les deux disparaissent généralement avec les règles et réapparaissent au cycle suivant. Après la ménopause, il n’y a plus d’ovulation et donc peu de risque d’apparition de kystes fonctionnels.

Kystes organiques de l’ovaire

Il en existe 4 types dont les kystes ovariens endométriosiques qui sont liés à l’endométriose.
Le plus souvent, les kystes organiques sont bénins. Néanmoins, ils sont enlevés afin d’éviter toute complication (torsion de l’ovaire, hémorragie intra-kystique, etc.).
Cancer des ovaires
Le cancer de l’ovaire est une tumeur maligne qui se développe sur un ou sur les deux ovaires. L’âge moyen constaté lors de l’apparition de ce cancer est 56 ans.

Sources :

https://www.passeportsante.net/fr/parties-corps/Fiche.aspx?doc=ovaire

https://dansmaculotte.com/fr/blog/ovaires-fonction-pathologies