Mémorial Thomas Sankara : Un hommage militaire devenu rituel national

Submitted by RedacteurenChef on Thu 04/12/2025 - 22:19
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Le 4 décembre 2025, à Ouagadougou, le Mémorial Thomas Sankara a accueilli le deuxième cérémonial mensuel d’hommage militaire dédié au Père de la Révolution. Institué par le Chef de l’État pour raviver l’héritage sankariste, l’évènement, présidé cette fois par le Conseil Supérieur de la Communication, a réuni autorités, médias et partenaires, dans une ambiance solennelle où engagement panafricain, unité nationale et appel à contribution pour l’édification du mémorial ont rythmé la cérémonie.

Le soleil déclinait sur Ouagadougou lorsque les officiels ont convergé vers le Mémorial Thomas Sankara, sanctuaire du souvenir où reposent le capitaine Sankara et ses douze compagnons. Depuis quelques mois, le site est devenu le théâtre d’un cérémonial inédit : un hommage militaire mensuel, voulu par le président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, pour inscrire durablement dans l’espace public les idéaux de la Révolution d’août 1983.

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Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme

Ce deuxième cérémonial, organisé ce jeudi 4 décembre 2025, était placé sous la présidence du Conseil Supérieur de la Communication (CSC). Autour de son président, Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo, se tenaient le ministre de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, Pingdwendé Gilbert Ouédraogo, le ministre malien de l’Énergie et de l’Eau, ainsi que de nombreux patrons de presse. Une présence massive saluée par les autorités, tant l’évènement se veut un symbole d’unité et de continuité historique.

« Sankara est un héros de l’Afrique entière »

Dans son adresse d’ouverture, le ministre de la Communication n’a pas perdu de temps : il a replacé le cérémonial au cœur de la vision politique actuelle. Pour lui, le lieu lui-même parle. « Ce lieu est historique et rempli de symboles », a-t-il rappelé. « Nous avons ici le héros du Burkina Faso, que dis-je, le héros de l’Afrique tout entière. »

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Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo, président du CSC

Se faisant le porte-voix du gouvernement, il a insisté sur la volonté du Chef de l’État de faire de Sankara un repère national, un modèle continental et un ciment social. L’instauration du cérémonial mensuel, a-t-il expliqué, répond à un besoin, celui de perpétuer une mémoire et d’inviter le peuple à s’approprier des valeurs jugées fondamentales pour la refondation du pays.

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Les participants ont visité le mémorial

Pingdwendé Gilbert Ouédraogo a également salué l’adhésion du CSC et celle des médias. Pour lui, la mobilisation des acteurs de la communication n’est pas anodine : « Nous voulons qu’à partir de là, l’unité qui existe en notre sein s’en trouve fortement renforcée. Nous ne pouvons pas revendiquer l’idéal de Thomas Sankara et continuer dans la division. »

L’idéal sankariste comme appel à l’unité nationale et régionale

L’unité, justement, a été un fil conducteur de son discours. Le ministre a rappelé que « le Burkina Faso est un et indivisible », et que les liens avec les pays frères de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Mali et le Niger, s’inscrivent dans une même continuité idéologique. La présence du ministre malien de l’Énergie et de l’Eau a été chaleureusement saluée, comme un signe supplémentaire d’un rapprochement assumé autour de la souveraineté et du panafricanisme.

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L’idéal sankariste comme appel à l’unité nationale et régionale

Dans cette dynamique, le ministre a ouvert une perspective plus large, celle d’accueillir « tous les panafricanistes », qu’ils viennent du continent ou d’ailleurs. Une déclaration qui reflète le rôle que veut jouer le mémorial, appelé à devenir un haut lieu continental de mémoire, de militantisme et d’identité.

« Ma brique pour Sankara » : l’appel à contribution qui porte une ambition titanesque

Le mémorial actuel, visible et déjà imposant, ne représente que « 10 % du projet intégral », a révélé le ministre. L’objectif global d’achever un complexe mémoriel aux dimensions historiques, culturelles, pédagogiques et touristiques est colossal.

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La photo de famille pour inscrire l’évènement dans la postérité

Pour y arriver, le gouvernement mise sur une initiative participative, « Ma brique pour Sankara ». Une campagne d’appel à contributions ouverte à tous, sans montant minimum, en espèces ou en nature. « Ceux qui sont prêts, nous sommes preneurs », a lancé le ministre, tout en soulignant que l’achèvement du projet requiert « plusieurs centaines de milliards ». Une ambition à la hauteur du mythe sankariste et de ce que le pays veut en faire.

« Tuer Sankara aujourd’hui, des milliers de Sankara naîtront demain »

Lorsque le président du CSC a pris la parole, le ton est resté aussi engagé. Rappelant les mots prophétiques du capitaine Sankara, Wendingoudi Louis Modeste Ouédraogo a insisté sur l’actualité brûlante de son héritage : « Thomas Sankara n’est pas mort. Il vit en chacun de nous », a-t-il affirmé.

Pour lui, l’hommage mensuel n’est pas un simple rituel, c’est une preuve vivante que l’idéal sankariste continue d’inspirer les jeunes générations, y compris celles qui n’ont jamais connu la période révolutionnaire. « Nous voilà tous engagés, même ceux qui n’étaient pas nés », a-t-il souligné, rappelant que l’engagement pour la souveraineté africaine, la dignité des peuples et la justice reste d’une actualité frappante.

Le président du CSC a lui aussi appelé à soutenir le projet du mémorial, convaincu qu’il doit devenir un lieu de mémoire mais aussi un « espace de construction d’une conscience politique africaine ».

Un rituel qui s’installe dans le paysage national

Après le premier discours, le cérémonial militaire s’est déroulé dans une solennité impeccable. Il a été suivi du deuxième discours, puis d’une visite guidée du mémorial où les officiels ont pu voir retracées les grandes étapes de la vie et du combat de Thomas Sankara, son idéal panafricaniste, son engagement intransigeant pour la dignité des peuples, ainsi que sa fin tragique aux côtés de ses douze compagnons d’infortune, jusqu’au mausolée où ils reposent désormais.

L’évènement, désormais inscrit dans la durée, reviendra chaque premier jeudi du mois. L’ambition affichée est de faire du Mémorial Thomas Sankara un repère civique permanent, un espace vivant de mémoire nationale et un foyer de mobilisation patriotique et panafricaine.

Un monument en devenir, un héritage en mouvement

Si l’hommage mensuel ancre la figure de Sankara dans la ritualité nationale, le mémorial, lui, reste un chantier ouvert. Il attend les contributions, les engagements et l’élan collectif d’un peuple décidé à écrire son avenir en assumant son histoire. Chaque premier jeudi du mois, un rappel retentit. La mémoire ne se transmet pas seule, elle se construit, brique après brique.

Abrandi Arthur Liliou