
Du 25 au 27 juin 2025, la Maison d’Arrêt et de Correction de Ouagadougou (MACO) accueille la 4e édition des 72 heures des Commissions de l’Application des Peines (CAP) des Tribunaux de Grande Instance de Ouaga I et II. Un rendez-vous devenu incontournable pour les acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire, autour du thème « Mise en œuvre du travail d’intérêt général : Enjeux, défis et perspectives ».
Placée sous le signe du dialogue, de la réflexion et de l’action, cette édition a pour objectif d’approfondir la dynamique de réinsertion sociale des détenus, à travers un regard renouvelé sur les alternatives à l’emprisonnement, notamment le travail d’intérêt général (TIG).
Une cérémonie d’ouverture sous le sceau de l’humanisme
La cérémonie de lancement s’est tenue le 25 juin dans l’enceinte même de la MACO, en présence de nombreuses personnalités judiciaires, administratives, sportives et associatives.
Dans son mot d’accueil, Vincent Konombo, Inspecteur principal de sécurité pénitentiaire et directeur de la MACO, a salué la forte mobilisation des partenaires, qu’il a qualifiés « d’indispensables » dans la protection et la promotion des droits humains en milieu carcéral. Rappelant que les personnes détenues ne doivent pas être considérées comme des parias, il a insisté sur leur rôle potentiel dans la reconstruction sociale.

« Le détenu, loin d’être rejeté, doit être vu comme un acteur de la société en devenir. Il mérite dignité, respect et accompagnement dans son processus de réintégration », a-t-il souligné.
Une commission administrative aux effets concrets
Prenant la parole à son tour, le juge Lassané Guélbéogo, président du comité d’organisation, a rappelé le rôle fondamental des CAP, instances administratives chargées de l’aménagement des peines définitives, avec pour finalité la réinsertion effective des détenus.

Il a dressé un bilan éloquent des activités pour l’année judiciaire 2024-2025. Ainsi, la CAP Ouaga I a tenu 16 sessions et rendu 278 décisions de semi-liberté, 29 de placement à l’extérieur et 2 suspensions de peine. De son côté, la CAP Ouaga II a organisé 9 sessions, avec 249 décisions de semi-liberté, 30 placements à l’extérieur et également 2 suspensions de peine.
L’édition 2025 met particulièrement l’accent sur le travail d’intérêt général (TIG), alternative à l’incarcération. À ce jour, 22 détenus ont vu leur peine convertie en TIG, et d’autres dossiers sont à l’étude. Le juge Guélbéogo a également salué les efforts de « déshumanisation » de la détention à travers des actions comme les repas communautaires ou encore la désinfection régulière des lieux.
Charles Kaboré, un parrain engagé
Le parrain de cette 4e édition n’est autre que Charles Kaboré, ex-capitaine emblématique des Étalons et actuel Ambassadeur du sport au Burkina Faso. Visiblement ému par l’honneur qui lui est fait, il a exprimé sa joie de s’associer à cette initiative en faveur des détenus.

« C’est un honneur pour moi d’être là et de participer à cette belle cérémonie. Je souhaite le meilleur à tous », a-t-il déclaré, dans un message empreint de solidarité et d’espoir.
L’engagement des autorités pour une justice réhabilitative
Au nom des ministres de la Justice et de l’Action humanitaire, la magistrate Djénéba Ouédraogo, conseillère technique, a officiellement lancé les activités. Dans le discours lu pour l’occasion, le ministre de la Justice a réaffirmé son engagement pour une politique carcérale plus humaine et orientée vers la réinsertion.

« En tant que premier responsable du département de la Justice, aucune initiative visant à améliorer les conditions de détention et à favoriser la réintégration sociale ne me laisse indifférent. Le thème de cette année cadre parfaitement avec notre vision pénale axée sur le travail d’intérêt général, véritable levier de développement et de reconstruction individuelle », a-t-il indiqué.
Appelant à un traitement digne des personnes détenues, il a cité un penseur : « La meilleure façon d’empêcher un prisonnier de s’évader est de faire en sorte qu’il ne sache pas qu’il est en prison. »
Réflexions et activités autour du TIG
Outre la cérémonie d’ouverture, le programme prévoit des conférences thématiques autour du TIG, notamment :
- « Travail d’intérêt général et développement communautaire : Quelle contribution ? »
- « Contributions du TIG à la réinsertion sociale des détenus »
Ces espaces de réflexion permettront d’approfondir les perspectives autour de cette alternative, encore méconnue du grand public, mais prometteuse selon les autorités.

En marge des travaux, les participants et pensionnaires de la MACO pourront également participer à des repas communautaires, des animations culturelles, ainsi qu’à un match de football, symbole de fraternité et d’ouverture.
Abrandi Arthur Liliou