Le Bureau Burkinabè du Droit d'Auteur (BBDA) organise, du 19 au 21 décembre 2025, la septième édition de la Rentrée du Droit d'Auteur (RDA) à Manga (Région du Nazinon). Pour cette édition, le thème est : « Droit d'auteur à l'ère de l'intelligence artificielle : Comment repenser la gestion collective ? ».
Selon Dr Hamed dit Patindeba Patric Lega, Directeur général du Bureau Burkinabè du Droit d'Auteur (BBDA), la réflexion sur l'intelligence artificielle et la gestion collective est importante.
« Notre rôle fondamental est de protéger les droits des créateurs des œuvres de l'esprit, notamment la propriété littéraire et artistique. Avec l'arrivée des intelligences artificielles génératives, ces droits sont aliénés, parce que si la machine est à mesure de concevoir, de produire, de créer une œuvre, de faire de la musique, d'écriture un scénario, de faire un film et qui puisse être capable d'être protéger et d'entrer dans la gestion collective, c'est vraiment un risque pour celui qui s'assoie, réfléchie pour créer une œuvre. Pour juguler cela, il était important de se réunir et de réfléchir sur ce qu'il faut faire face à l'intelligence artificielle qui est à la fois une opportunité et une menace pour le secteur de la gestion collective », a-t-il indiqué.
Dans le même sens, N. Jérôme Brice Sawadogo, 2ème Vice-président de la Délégation spéciale de la commune Manga, a salué la pertinence du thème.
« L'essor fulgurant de l'intelligence artificielle transforme notre manière de penser, de créer, de partager la culture. Dans ce contexte, il est essentiel de réfléchir aux nouvelles dynamiques qui émergent et aux défis qui se posent à nous. La gestion collective des droits d'auteur, qui a toujours eu pour mission de protéger les droits des créateurs, doit s'adapter à cette évolution technologique. Nous vivons une époque où les œuvres peuvent être créées, diffusées et modifiées à une vitesse vertigineuse grâce à des algorithmes sophistiqués. Cela soulève des questions cruciales : quel est le rôle des auteurs si leurs créations peuvent être manipulées par des machines ? Comment garantir que leurs droits soient respectés dans cet environnement ? Il faut encourager les débats sur ces sujets d'intérêt », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, Dr Jean-Noël Ouédan Tagnabou, Directeur général de l'Éducation non formelle, représentant des parrains, a expliqué qu'il est fondamental d'anticiper les évolutions technologiques.
« Il paraît indispensable de renforcer les actions d'éducation, de sensibilisation, de formation autour de ces enjeux. Les créateurs doivent être pleinement informés de leurs droits, mais aussi des implications et des opportunités liées à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans leurs différents domaines », a-t-il souligné.
Sy Christian Innocent Ouattara, Directeur de Cabinet du ministère de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme, a félicité la tenue de cette septième édition de la Rentrée du Droit d'Auteur.
« C'est un espace stratégique de réflexion, de dialogue et de construction collective autour d'un pilier fondamental de notre souveraineté : la protection de la propriété littéraire et artistique et la gestion collective des droits. Dans le contexte actuel de révolution progressiste populaire, la culture n'est pas périphérique. Elle est centrale. Depuis l'aube de l'humanité, la danse, la musique, la littérature, les arts plastiques et l'ensemble des expressions artistiques traduisent des émotions, les luttes, l'imaginaire d'un peuple. Ils sont les socles de la cohésion sociale et des vecteurs de transmission intergénérationnelle. L'intelligence artificielle bouleverse profondément les codes de création, de diffusion et d'exploitation des œuvres. Elle impacte directement les auteurs et les industries culturelles et créatives. Elle fait naître des questions essentielles : À qui appartient l'œuvre ? Qui la crée ? Qui décide de la valeur de l'œuvre créée ? Ces interrogations révèlent des zones d'ombres juridiques actuelles, notamment en matière de titularité de droit, de paternité des œuvres et de rémunération équitable. Nous avons la responsabilité historique de penser à des solutions souveraines adaptées à nos réalités sociales, culturelles et économiques, car protéger nos créateurs n'est pas un luxe. C'est une exigence révolutionnaire », a-t-il dit.
Des communications
Pr Windpagnangde Dominique Kabré, Agrégé des facultés de droit, Professeur titulaire à l’Université Thomas Sankara, Expert en droit du numérique, a présenté la communication inaugurale sur le thème : « Droit d'auteur à l'ère de l'intelligence artificielle : Comment repenser la gestion collective ? ».
Le panel a porté sur le thème : « Intelligence artificielle et création d'œuvres littéraires et artistiques : quel impact sur les revenus ». Le panel a été animé par des experts en économie, en droit, en informatique : Dr Rodrigue Kafando, Abdoul Razacc Kaboré, Younoussa Sanfo et Boukary Ouédraogo.
Il ressort des différentes communications que l'intelligence artificielle constitue une opportunité et une menace pour la création, l'effectivité de la protection, la gestion collective des droits, l'essor des organismes de gestion collective.
En plus des défis ont été identifiés : mettre en place de mécanismes d'identification des œuvres générées à l'aide de l'intelligence artificielle ; tenir compte des exceptions attachées aux droits d'auteur et aux droits voisins notamment dans le secteur de l'enseignement et de la recherche scientifique, la copie privée ; créer un système de rémunération et de répartition adaptée à l'évolution technologique.
Des recommandations
Aux organismes de gestion collective, les experts et participants ont recommandé : s'adapter à l'environnement la révision des modalités d'adhésion des membres et de la déclaration des œuvres ; s'équiper d'outils efficaces de détection des œuvres générées par l'intelligence artificielle ; sensibiliser les parties prenantes du droit d'auteur ; former les auteurs et auxiliaires de la création sur la maîtrise et la bonne utilisation de l'intelligence artificielle.
Jean-Yves Nébié