Coopération culturelle sino-burkinabè : Ouagadougou et Bobo-Dioulasso accueillent la 3ᵉ Semaine du cinéma chinois

Submitted by RedacteurenChef on Mon 15/12/2025 - 23:30
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La troisième édition de la Semaine du cinéma chinois a été officiellement lancée le 15 décembre 2025, à Ouagadougou, à l’Ambassade de la République populaire de Chine. Prévue du 18 au 21 décembre à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso, l’initiative, portée par l’Agence burkinabè de la cinématographie et de l’audiovisuel (ABCA) en partenariat avec l’Ambassade de Chine et le FESPACO, se déroule sous le thème « Burkina Faso et République populaire de Chine, les enjeux d’une coopération cinématographique et audiovisuelle ». Elle entend consolider la coopération culturelle entre les deux pays à travers des projections ouvertes, un dialogue interculturel structuré et une vision partagée du cinéma comme outil de rapprochement entre les peuples.

Trois éditions en trois ans. La Semaine du cinéma chinois s’installe progressivement comme un rendez-vous structurant du paysage culturel burkinabè. Elle ne relève plus de l’évènement ponctuel, mais d’une démarche construite, inscrite dans la durée et adossée à des partenariats institutionnels solides.

La conférence de presse tenue à l’Ambassade de la République populaire de Chine a marqué le lancement officiel de cette troisième édition. Elle a réuni des responsables diplomatiques, des acteurs du cinéma, des partenaires culturels et des journalistes, dans un cadre qui souligne l’importance accordée à la dimension symbolique et politique de la coopération culturelle.

La coopération culturelle au cœur des échanges

Ouvrant la rencontre, le directeur des affaires politiques et de la communication de l’Ambassade de Chine, Xing Xiteng, a salué la mobilisation des médias burkinabè autour de l’évènement. « C’est un grand plaisir pour moi et mes collègues de vous accueillir à l’Ambassade de Chine pour le lancement de la Semaine du cinéma chinois », a-t-il déclaré, insistant sur le rôle central de la presse dans la diffusion des initiatives culturelles.

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« Les relations entre États reposent aussi sur les liens entre les peuples », a déclaré Xing Xiteng, directeur des affaires politiques et de la communication de l’Ambassade de Chine

Selon lui, la coopération sino-burkinabè ne saurait se limiter aux seuls domaines économique ou diplomatique. « Les relations entre États reposent aussi sur les liens entre les peuples », a-t-il souligné, affirmant que la culture et le cinéma constituent des leviers essentiels pour renforcer la compréhension mutuelle.

Le Burkina Faso, partenaire naturel de la Chine en Afrique

Prenant la parole au nom de l’Ambassade, Chen Yanzhen, chargée de la coopération médiatique, a rappelé la place singulière du Burkina Faso dans l’histoire du cinéma africain. « Quand on parle du cinéma africain, on ne peut pas ignorer le Burkina Faso », a-t-elle affirmé, évoquant le rôle majeur joué par le FESPACO depuis sa création en 1969.

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Pour Chen Yanzhen, chargée de la coopération médiatique, le Burkina Faso reste « une grande puissance du cinéma africain »

Elle a souligné que le festival panafricain a largement contribué à la reconnaissance internationale des cinémas africains et à l’émergence de nombreuses figures du septième art. Pour elle, cette centralité culturelle fait du Burkina Faso un partenaire naturel pour la Chine dans le cadre des échanges cinématographiques.

Le cinéma chinois en pleine mutation

Chen Yanzhen a également insisté sur l’évolution du cinéma chinois contemporain. « La Chine est aujourd’hui le deuxième plus grand marché cinématographique au monde », a-t-elle rappelé, soulignant la croissance continue du box-office et l’influence croissante du cinéma chinois sur la scène internationale.

Selon elle, l’image du cinéma chinois a profondément changé. « Autrefois, on associait surtout le cinéma chinois aux films de kung-fu, avec des figures comme Bruce Lee ou Jackie Chan. Aujourd’hui, une nouvelle génération de films, historiques, de science-fiction, d’animation ou documentaires, rencontre un accueil très favorable à l’étranger », a-t-elle expliqué.

Une sélection de films tournée vers le dialogue culturel

Cette diversité se reflète dans la programmation de la troisième édition. Douze films chinois de grande qualité seront projetés durant la semaine. Ils permettront au public burkinabè de découvrir l’histoire, la culture, les valeurs sociales et les aspirations contemporaines de la société chinoise.

« À travers ces films, il est possible de mieux comprendre la vie quotidienne, les valeurs et même la vision chinoise du futur », a souligné Chen Yanzhen, invitant le public à venir nombreux aux projections.

L’intégration des films burkinabè, une innovation majeure

Sur le plan artistique, les précisions ont été apportées par François Akouabou Adianaga, directeur du département FESPACO. Il a expliqué que cette édition marque une évolution importante avec l’intégration de films burkinabè à la programmation.

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François Akouabou Adianaga, directeur du département FESPACO, détaille une programmation mêlant films chinois et courts-métrages burkinabè primés

« Cette année, nous avons choisi d’associer aux films chinois cinq courts-métrages burkinabè qui ont été primés au palmarès officiel ou au palmarès des prix spéciaux du FESPACO », a-t-il indiqué. Selon lui, il s’agit des meilleurs courts-métrages burkinabè récents, choisis pour leur qualité artistique et leur portée thématique.

Des œuvres porteuses de valeurs universelles

François Akouabou a précisé que les films sélectionnés, qu’ils soient chinois ou burkinabè, mettent en avant des valeurs communes. « Ce sont des films qui parlent de sociabilité, de protection de l’environnement, de collaboration et de soutien », a-t-il expliqué, estimant que ces thématiques favorisent une lecture croisée des sociétés.

Pour lui, le cinéma est un outil pédagogique et culturel puissant, capable de susciter le débat et de renforcer la compréhension mutuelle entre les peuples.

Une programmation pensée pour les publics jeunes

L’un des axes forts de cette édition réside dans la décentralisation des projections. À Ouagadougou, cinq sites ont été retenus, dont la salle de projection de l’ABCA, l’École nationale d’administration et de magistrature, l’Université Aube Nouvelle ainsi que deux cités universitaires.

François Akouabou a expliqué ce choix. « L’objectif était d’associer les scolaires et les étudiants à cette semaine du cinéma chinois », a-t-il précisé, rappelant que la jeunesse constitue une cible prioritaire de l’action culturelle.

Bobo-Dioulasso au cœur du dispositif

À Bobo-Dioulasso, trois sites accueilleront les projections, l’espace Yéguéré, l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest et le lycée Ouezzin Coulibaly. « Nous voulions aussi un caractère populaire pour cette semaine, afin que l’ensemble de la population puisse découvrir la culture chinoise », a expliqué François Akouabou Adianaga.

Au total, dix-sept projections sont prévues sur les deux villes, réparties sur quatre jours.

Une coopération qui s’inscrit dans le temps long

Pour le secrétaire général de l’ABCA, Éric Sawadogo, la Semaine du cinéma chinois dépasse largement le cadre évènementiel. « Ce partenariat se renforce d’année en année », a-t-il affirmé, estimant que les objectifs de promotion du dialogue et du brassage interculturel sont désormais « une réalité en marche » entre le peuple burkinabè et le peuple chinois.

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Éric Sawadogo, secrétaire général de l’ABCA, estime que le partenariat sino-burkinabè « se renforce d’année en année »

Selon lui, cette coopération produit déjà des effets concrets, notamment en matière de formation et de renforcement des capacités.

Des retombées tangibles sur la formation

Éric Sawadogo a cité l’enseignement du mandarin à l’ENAM comme l’un des exemples les plus visibles de cette collaboration culturelle. « C’est une répercussion directe de la coopération avec la République populaire de Chine », a-t-il indiqué, soulignant l’importance de ces échanges pour la professionnalisation du secteur culturel et administratif.

Pour le secrétaire général de l’ABCA, la Semaine du cinéma chinois contribue ainsi à structurer un écosystème de coopération durable.

Le cinéma comme instrument de diplomatie culturelle

À travers cette initiative, le Burkina Faso et la Chine affirment une vision partagée de la culture comme levier stratégique. Le cinéma devient un outil de diplomatie culturelle, un espace de narration, mais aussi un moyen de construire des ponts entre les sociétés.

« Nous espérons que cette semaine du cinéma deviendra un véritable pont culturel entre nos deux peuples », a exprimé Chen Yanzhen, résumant l’esprit de l’évènement.

Abrandi Arthur Liliou