Des parlementaires à l’école d’OFAB-Burkina

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Biotechnologies au Burkina Faso
Présiduim

Le mercredi 23 mai 2018, le Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB), section du Burkina, a organisé une session d’information et de sensibilisation à la biotechnologie et à la biosécurité au profit de parlementaires burkinabè. Au cours de cette rencontre les élus nationaux ont été informés et sensibilisés à la question des biotechnologies en agriculture, en santé, ainsi que sur la biosécurité et le système de biosécurité adopté au Burkina Faso.

Le choix des députés comme public de cette activité n’est pas fortuite, selon les organisateurs. L’Assemblée Nationale, étant le lieu par excellence de l’expression de la volonté du peuple et de ce fait garante de la gouvernance démocratique, à travers le vote et l’adoption des lois, il a semblé judicieux à OFAB-Burkina d’apporter l’information scientifique aux députés dans le but de mieux éclairer les processus de prise de décision dans le domaine scientifique, précisément celui de la biotechnologie en agriculture, en santé, ainsi que la biosécurité.

Cette information, les généticiens l’ont présentée à travers trois communications : « les biotechnologies agricoles au Burkina Faso », la « contribution de la biotechnologie en santé/cas des moustiques génétiquement modifiés » et « la biosécurité au Burkina Faso ».

Les biotechnologies agricoles au Burkina Faso

Cette thématique, présentée par Dr Oumar Traoré, point focal d’OFAB-Burkina, fait ressortir que le Burkina est l’un des premiers pays africains à adopter les biotechnologies agricoles et à se doter d’un système national de biosécurité, notamment avec l’adoption du coton Bt. Cette adoption s’est fait dans un contexte de changement climatique, de résistance des ravageurs aux pesticides, de la quête de l’autosuffisance alimentaire. Selon lui, il existe deux grandes catégories de biotechnologies : traditionnelles et modernes. Avec la sédentarisation de l’homme et la naissance de l’agriculture (sélection des variétés de semences, l’amélioration par le bouturage, marcottage, greffages, etc.). Puis il y a les biotechnologies modernes, y compris les organismes génétiquement modifiés (OGM). Pour Oumar Traoré, les discussions, à travers le monde, sur les biotechnologies et leurs applications dans l’agriculture et la santé ont souvent été enveloppées de mythes, de mauvaises perceptions et même d’informations contradictoires. Parfois ces controverses ont apporté un lot de confusions qui entretiennent la peur et la fuite face aux progrès de la science. Mais, il rassure : « les biotechnologies sont un des outils pour relever les nouveaux défis que sont la quête de l’autosuffisance alimentaire à travers la promotion du secteur agricole, la promotion de santé des populations et la sauvegarde de l’environnement ». Après cette entrée en matière, il a passé le relais pour la seconde présentation.

Contribution de la biotechnologie en santé/cas des moustiques génétiquement modifiés

Fait par Dr Abdoulaye Diabaté, cet exposé s’est axé sur la présentation du projet Target Malaria, initiateur du projet de modification génétique de moustiques pour vaincre le paludisme. Cette modification, selon ses promoteurs, a pour objectif de produire des moustiques mâles stériles qui seront relâchés (avec l’accord de l’Agence Nationale de Biosécurité, conformément à la loi n°064-2012/AN du 20 décembre 2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie) pour réduire les populations d’anophèles responsables de la transmission de la malaria. Contrairement à leurs détracteurs, les chercheurs estiment que le projet est viable et que les dispositions sont prises aussi bien sur le plan scientifique que  sur les plans social et environnemental pour assurer le bon déroulement du projet et la biosécurité. Ainsi, ils ont mis en place d’une stratégie d’engagement des parties prenantes (information en adéquation avec les étapes d’avancement du projet, information la plus simplifiée à la plus complexe, recherche du niveau optimal de compréhension des étapes du projet). Ces parties prenantes sont, entre autres, les autorités gouvernementale, la société civile, les sites d’études, les autorités administratives, les élus locaux, etc. Il y a également dans cette stratégie un mécanisme de gestion des plaintes sur les sites du projet. Sur le plan international, le projet rencontre l’assentiment de l’OMS et de l’Union Africaine qui a encouragé le développement et la régulation de cette technologie dans sa décision 649 de juillet 2017. En fin il y a eu la communication sur la biosécurité, faite par Pr Chantal Zoungrana/Kaboré, Directrice générale de l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB). Il ressort de son exposé que les biotechnologies font l’objet d’une règlementation stricte à travers la loi n°064-2012/AN, suite à la ratification du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques (2003) et du Protocole additionnel Nagoya Kuala Lumpur sur la responsabilité et la réparation. L’exposante a aussi présenté les hypothèses de risques (préoccupations) sur les biotechnologies, leurs avantages et les missions de l’ANB.

Au sortir de cette rencontre, les députés se sont montrés satisfaits. « Quand j’arrivais à cette session, je ne savais pas à quoi m’attendre. Je ne savais pas qu’au Burkina, il y avait ces capacités de développement de la biotechnologie. Maintenant je sais que le Burkina est un leader de la recherche scientifique. En tant qu’élus nationaux, ce sont des initiatives que nous devons accompagner », confie, Sib Justin, député, membre de la commission de développement économique et changement climatique (CODECC).
Jean-Yves Nébié