Le Kou : un bassin versant en plein mutation dans l’Ouest du Burkina Faso

Introduction

Situé à l’Ouest du Burkina, le bassin versant du Kou a longtemps offert un état stable des ressources naturelles en raison d’un faible peuplement. Ce bassin intègre les forêts classées de Dindéresso, du Kou, de Kua et de Kuinima. Il est l’espace géographique qui contient le système d’eau associé à la rivière Kou, à ses affluents et aux sources de Nasso. Malheureusement le bassin versant du kou va vite subir les conséquences des changements climatiques et l’arrivée massive de population venu du Centre et du Nord du pays à la recherche de terre fertile. Ce qui va contribuer fortement à dégrader les ressources du bassin. En effet, les modifications que subit le bassin versant du kou est imputable à la surexploitation de la plaine. Suite à l’aménagement du périmètre rizicole de la vallée du kou, l’Etat a procédé à l’installation des colons sur le périmètre depuis les années 1974. Aussi, il y’a eu une migration importante de la population des zones surpeuplées et dégradées vers le périmètre rizicole à la recherche de bonnes terres cultivables (C. Beauchemin, et B. Schoumaker, 2005). Ce qui a augmenté la densité de population du bassin versant du Kou (AEDE, 2004). Par ailleurs, depuis quelques années, la baisse générale de la pluviométrie a engendré une baisse du débit de la rivière Kou 2,3 m3/s, en 1960 à 1,93 m3/s en 1986 1,74 m3/s en 1992 et 1.6 m3/s en 2008 (Sogreah Ingénierie, 1993; F. Traoré, et P. Gombert, 1997 ; G. Lorenzini, 2008).

De nos jours, on constate une détérioration du couvert végétal du fait de l’exploitation démesurée des terres qui entraine une inversion des tendances où les forêts font progressivement place à l’agriculture de subsistance. Les effets de l’action de l’homme ont influé négativement le milieu naturel dans de nombreux cas, entraînant ainsi une fragilité des écosystèmes forestiers et agricoles. Les zones nues, érodées et dégradées se multiplient dans le bassin versant du Kou avec un ensablement très caractérisé des cours d’eau.   

Un milieu physique propice à l’installation humaine

Le bassin versant du Kou avec une superficie de 1860 km² se trouve dans la zone administrative de la région des Hauts Bassins et abrite la deuxième grande ville du pays, Bobo-Dioulasso.
Du point de vue climatique, le bassin versant du Kou est sous l’influence du climat soudanien où la pluie annuelle varie entre 900 et 1200 mm. La saison pluvieuse y dure généralement cinq mois (mai à septembre). Le mois d’août est le plus pluvieux et enregistre en moyenne 275 mm de pluie. La température varie entre 25 et 31°C. Les mois les plus frais sont décembre et janvier, et les mois les plus chauds sont mars et avril. Sur le plan hydrographique, la rivière pérenne du Kou, avec une longueur d’environ 70 km, est le premier grand affluent en rive droite de la rivière Mouhoun. Elle prend sa source vers la localité de Péni à environ 500 m d’altitude. Le Kou est alimenté par plusieurs sources dont les plus importantes sont celles de Nasso/Guinguette et celles de Pesso/Desso (E. Sauret 2013). Les sources de Nasso/Guinguette, qui débitent plus de 6000 m3/h d’eau, constituent l’essentiel du débit de base de la rivière Kou et contribuent à alimenter en aval d’importants aménagements hydroagricoles (périmètres irrigués de la vallée du Kou). Les principaux affluents sont le Yengué, Niamé, Suo, Farakoba, Bingbélé, Wé, Yakouba et Bango. Sur le plan géomorphologique, le bassin du Kou est constitué d’un plateau gréseux bordé à l’est par la falaise de Banfora de hauteur variable ne dépassant pas 200 m. La limite sud du bassin, où le relief est accidenté, est bordée par des montagnes (vers le village de Tien) et des collines rocheuses dont l’altitude varie entre 400 et 670 m. Les versants de ces buttes rocheuses présentent généralement de fortes pentes (15 à 30 %) dont l’altitude diminue progressivement en direction du nord où elle se situe autour de 280 m. Au sud du bassin, les terrains sont fortement entaillés par le réseau hydrographique. La partie nord du bassin est marquée par la faible pente du terrain où s’étendent des plaines inondables. Au plan pédologique le bassin versant du Kou est caractérisé par cinq types de sols à savoir les sols peu évolués d’érosion sur matériaux gravillonnaires, les vertisols sur alluvions ou matériaux argileux, les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sur matériaux sablo-argileux, argilo-sableux, les sols ferralitiques et les sols hydromorphes.

Dynamique spatio-temporelle de l’occupation des terres dans le bassin versant du Kou

Les figures 1 et 2 montrent la dynamique de l’occupation du sol dans le bassin versant du Kou entre les années 1987 et 2017.