La Ligue du Kadiogo de Kung-Fu Wushu a organisé à Ouagadougou, le 21 décembre 2025, sur le terrain de volleyball de l’ISSDH ex-INJEPS, la finale de son championnat régional des petites catégories, minimes et cadets. Pensée comme un cadre de détection et de structuration de la relève, la compétition a réuni 134 athlètes issus de 12 clubs, dans une formule repensée, plus conforme aux standards internationaux, intégrant innovation technique, inclusion sociale et action de santé publique.
Ce n’était pas une simple succession de combats ni une vitrine de démonstrations spectaculaires. Le championnat régional des petites catégories de la Ligue du Kadiogo a été conçu comme un outil de construction, avec une finalité claire. Préparer les jeunes athlètes à la haute performance, dès la base.
Sous le patronage du gouverneur de la région du Kadiogo, Abdoulaye Bassinga, et la présidence du président du Comité national olympique et des sports burkinabè, Jean Yaméogo, l’évènement s’est tenu dans un cadre sobre mais rigoureusement organisé. Autour de la présidente de la Ligue, Salamata Nikiéma, parrains, marraines, responsables fédéraux, encadreurs et parents ont accompagné une jeunesse concentrée, appliquée, consciente de l’enjeu.

Dans son allocution, la présidente de la Ligue a posé le cadre sans détour. Pour elle, ce championnat dépasse largement la logique du palmarès. Il s’agit d’un espace de détection, de valorisation et de projection, destiné à identifier les talents, orienter les profils et bâtir une filière cohérente, capable d’alimenter durablement les compétitions nationales et internationales.
Une réforme technique assumée et saluée
La grande innovation de cette édition réside dans la séparation stricte entre les épreuves de combat et celles de technique. Un choix stratégique qui rompt avec certaines habitudes locales, mais qui répond aux exigences du Wushu moderne.
« Le combattant ne fait pas de tao, et inversement », résume la présidente de la Ligue. Derrière cette formule, une volonté claire. Spécialiser les athlètes très tôt, mieux lire leurs aptitudes, éviter les approximations et préparer des profils compétitifs selon les normes internationales.
Sur le terrain, cette orientation a produit des résultats visibles. En technique comme en combat, le niveau s’est révélé nettement supérieur aux éditions précédentes.

Le directeur technique de la Ligue du Kadiogo, Me Issa Boussim, n’a pas caché sa satisfaction. Selon lui, la progression est réelle, tant chez les athlètes que chez les encadreurs. Les prestations observées témoignent d’un travail plus structuré, d’une meilleure compréhension des exigences techniques et d’un engagement croissant des clubs dans la formation de base.
Des performances révélatrices d’un vivier solide
Les résultats confirment cette montée en puissance. En technique, les Dragons Stratèges de Kung-Fu Wushu ont dominé la compétition, portés notamment par Diabaté Oussignè Aly Ivan Jovite Darwin, sacré meilleur athlète en technique chez les cadets. En combat, l’Association Grue Blanche Volcan de Shaolin s’est distinguée, avec Sawadogo Arnauld, élu meilleur athlète dans sa catégorie.
Au classement général, l’Association les Dragons Stratèges s’adjuge la première place avec une moisson impressionnante de 18 médailles d’or, 7 d’argent et 3 de bronze. Les Dragons Blancs et Sagesse Kung-Fu Club complètent le podium.
Au-delà des chiffres, c’est la qualité des oppositions, la discipline tactique et l’engagement mental des jeunes compétiteurs qui ont marqué les observateurs. Des signes encourageants pour un Kung-Fu Wushu burkinabè souvent reconnu pour ses seniors, mais encore discret sur la scène internationale chez les catégories jeunes.
Le Kung-Fu Wushu comme sport d’inclusion
L’un des moments forts de la compétition a été la participation d’athlètes vivant avec un handicap. Un choix assumé par la Ligue, qui revendique un Kung-Fu Wushu ouvert, inclusif et porteur de valeurs humaines.

« Quel que soit le handicap, ce moment reçoit tout le monde », a rappelé Salamata Nikiéma. Pour elle, ces athlètes incarnent une leçon de courage et de résilience trop souvent ignorée dans les compétitions sportives classiques.
Sur le tatami, les jeunes ont livré des prestations sobres, appliquées, respectées par le public et les autres compétiteurs. Une manière forte de rappeler que l’art martial n’est pas qu’une affaire de performance brute, mais aussi de dignité, de maîtrise de soi et de respect.
Sport et santé, un lien assumé
Autre singularité de cette édition, l’intégration d’une action de santé publique. En marge des combats, une séance de dépistage du cancer du col de l’utérus a été organisée par l’Association Dèmè, sous la conduite de sa présidente Alima Kolo.
Un choix symbolique et concret, salué par les partenaires. Associer sport et prévention sanitaire traduit une vision globale de l’humain. Former des champions, oui. Protéger des vies, aussi.
Des soutiens engagés, un appel clair
Marraine de l’édition, Yasmina Sarr, présidente de l’Union des Femmes Leaders d’Afrique, a insisté sur l’importance d’investir dans les catégories de base. Pour elle, mettre les minimes et les cadets au centre, c’est préparer l’avenir du Kung-Fu Wushu burkinabè et créer les conditions d’un rayonnement international durable.

Le parrain, D. Rodrigue Douamba, expert et arbitre international de judo, a quant à lui souligné la proximité des valeurs entre les arts martiaux. Respect, discipline, courtoisie, contrôle de soi. Autant de principes partagés, au-delà des styles et des écoles.
Une dynamique enclenchée
Avec 134 athlètes mobilisés, une organisation maîtrisée et une vision clairement affichée, la Ligue du Kadiogo a posé un jalon important. Ce championnat régional n’est pas une fin, mais un point de départ.

Les petites catégories, longtemps restées dans l’ombre, montrent aujourd’hui qu’elles ont du potentiel, du sérieux et de l’ambition. Reste à consolider cette dynamique, à renforcer l’accompagnement technique et à multiplier les compétitions structurantes.

Le Kung-Fu Wushu burkinabè, à travers sa jeunesse, est en train de construire silencieusement sa relève. Et cette relève, manifestement, a déjà compris l’essentiel. La victoire commence bien avant le combat.
Abrandi Arthur Liliou